Réalisé par une petite équipe de développeurs indépendants, Severed Steel entend proposer des affrontements dantesques et un panel de mouvements digne de films d’action hong-kongais. Le résultat est un FPS intense, brutal et accrocheur qui vaut le coup d’œil pour les joueurs férus d’expériences frénétiques.

Genre : FPS solo/Die & Retry/Scoring | Développeur : Greylock Studio | Éditeur : Digerati | Plateformes : Steam, EGS | Prix : 21| Configuration recommandée : Processeur Dual Core, 8GB RAM, Nvidia GTX 1050 ou équivalent | Langues : VO/VF (textes) | Date de sortie : 17 septembre 2021 | Durée de vie : 2h30 pour la campagne, beaucoup plus avec les défis et le workshop.

Test réalisé sur une version commerciale.

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Le bras armé de la justice

Entre narration et gameplay, Severed Steel a choisi son camp : la campagne solo démarre par une cinématique de quelques secondes présentant l’héroïne, Steel. Elle se réveille, un bras en moins, dans ce qui semble être un complexe militaro-scientifique futuriste et décide de prendre sa vengeance sur ceux qui l’ont mutilé. Et voilà, c’est tout. Un scénario-prétexte qui justifie deux choses : d’une part, on va tuer des centaines d’ennemis sans se poser la moindre question – et c’est très bien. D’autre part, à cause de son infirmité, notre personnage est incapable de recharger son arme, ce qui lui impose de récupérer celles de ses adversaires une fois son chargeur vidé. Un élément de gameplay fondamental puisqu’il force le joueur à rester toujours dans le feu de l’action.

Et, croyez-moi, de l’action vous allez en avoir. Severed Steel est, à l’instar d’un Die & Retry, structuré en un ensemble de petits niveaux remplis d’ennemis et dans lesquels l’objectif est, la plupart du temps, de tuer tout le monde. Mais la tâche n’est pas aisée… Car, en plus du système d’arme à récupérer dont je parlais plus haut, notre héroïne est très fragile et le seul moyen de récupérer de la vie est de tuer des méchants. Heureusement pour elle, Steel dispose de facultés extraordinaires : double-saut, glissade, plongeon, course sur les murs, bullet-time… Notez que lors des glissades et des plongeons, notre personnage est invincible, ce qui permet de se mouvoir à travers la marée de balles de vos adversaires. Pour résumer, dans Severed Steel, le camping est interdit et il vous faudra toujours aller de l’avant, au contact avec vos adversaires, en utilisant toutes vos capacités au maximum. Sous peine de subir une sanction immédiate et de recommencer le niveau depuis le début.

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Si les ennemis sont tous de type « militaire », il existe de nombreuses variantes qui vous pousseront à réagir différemment : outre le soldat de base, on en trouve avec des boucliers, d’autres sont dotés d’exosquelette ou encore de jetpack leur permettant de voler à travers les niveaux. Certains sont même quasiment invincibles, engoncés dans des armures lourdes et armés de lance-flammes ou de lance-grenades. À vous de trouver les méthodes les plus efficaces pour vous en débarrasser. D’ailleurs, même si elle n’est pas franchement impressionnante, on notera que l’I.A. ne se contente pas de foncer tête baissée vers notre personnage. Chaque adversaire a des réactions différentes, et j’ai pu constater que, si certains préfèrent s’enfuir face à la menace, d’autres tendent des embuscades derrière le décor tel le premier joueur de CS venu. Un point finalement assez rare pour un jeu de cette envergure.

Alors que l’on avance dans la campagne, Severed Steel change un peu la donne en nous offrant un canon à bras qui vient s’accrocher au moignon de l’héroïne. Celui-ci permet bien sûr d’abattre ses adversaires, même les plus retors, mais il permet surtout de détruire le décor. Une explosion pouvant ouvrir un trou béant dans n’importe quelle surface, vous voilà désormais libre de creuser votre propre route à travers les niveaux. Non seulement c’est assez jouissif de passer à travers le plafond pour arriver dans le dos d’une escouade, mais cela rajoute en plus une couche d’intérêt et de subtilité supplémentaires aux gunfights. Une option de plus dans les mécaniques de destruction, c’est toujours bon à prendre !

Severed mais juste

L’expérience Severed Steel, aussi viscérale soit-elle, n’est toutefois pas parfaite. On regrette par exemple la quasi-obligation d’utiliser le bullet-time pour s’en sortir, notamment dans les niveaux les plus avancés. Disons simplement que tuer ses adversaires est un peu moins amusant lorsque tout tourne au ralenti et les allergiques à cette mécanique en resteront probablement frustrés. On déplore aussi que les situations soient parfois confuses, peu lisibles, et que le ressenti lorsque l’on encaisse des dégâts soit totalement absent. De son côté, la campagne se termine très rapidement. Sa trentaine de niveaux se traverse en 2h30 en normal et la fin du jeu arrive de façon abrupte : en réalité, on aurait aimé qu’il y en ait un peu plus à se mettre sous la dent. Le titre offre toutefois un mode « Fusillade » permettant de rejouer les différentes maps avec un système de défis, d’armes et de mutateurs à débloquer, ainsi qu’un éditeur de niveaux offrant la possibilité d’uploader ses créations sur le workshop – le tout accompagné de tableaux de classements sur lesquels comparer son e-penis. De quoi rallonger la durée de vie de quelques heures.

La B.O. de Severed Steel est composée de titres électro/drum & bass s’intégrant plutôt bien à l’univers et au style futuriste du jeu. On regrette tout de même qu’il n’y ait pas plus de morceaux énervés, le tout étant quand même très sage par rapport aux carnages se déroulant en jeu. En tout cas, vous pouvez l’écouter sur Spotify.

Visuellement, Severed Steel a le mérite de ne pas avoir fait le choix du rétro FPS et se démarque clairement du lot des productions indépendantes. Ici, les visuels sont très stylisés mais modernes : les modèles sont détaillés et les décors tiennent de la bande-dessinée de SF/Cyberpunk, avec des aplats de couleur, des angles très marqués et des néons fluos illuminant les environnements. Mais, surtout, le jeu impressionne par son côté destructible qui rajoute de l’ampleur aux combats. Chaque tir vient enlever un bout de mur, exploser un meuble, faire voler une vitre en morceaux… Alors imaginez lorsqu’une vingtaine d’ennemis vous canardent et que vous ripostez tout en plongeant à travers une baie vitrée. Une véritable tempête de feu s’abat sur les niveaux et il est difficile de ne pas ressentir un peu de satisfaction, après avoir terminé le combat, lorsqu’on se retourne pour voir le pauvre décor complètement ravagé.

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Toutefois, le revers de la médaille est que les performances en prennent un sacré coup. Lors des scènes de baston les plus surchargées, il m’est arrivé de voir le framerate baisser de 120 à 40-50 images par secondes sur ma config (i7 7700K, RTX 3070, 32 Go de RAM) en 1440p et tout à fond – à l’exception des reflets en ray tracing, désactivés. Si l’on peut le comprendre au vu du bazar affiché, il faudra donc tout de même faire des concessions afin d’avoir une expérience parfaite. Heureusement, le jeu offre une multitude d’options graphiques pour faciliter la tâche, et intègre également le DLSS. Par ailleurs, on trouve également beaucoup de paramètres de conforts permettant de personnaliser son expérience, en retirant des éléments de HUD ou autres artifices impactant la visibilité.

Malgré quelques défauts et ses performances en dents de scie, on peut tout de même dire que Severed Steel est un sacré FPS. Outre son concept prompt au déferlement de violence, le titre brille par la façon dont il semble avoir digéré des mécaniques de grands noms du jeu vidéo. Les combats furieux, les mouvements de parkour fluides répondant au doigt et à l’œil, ces ennemis à la fois terriblement dangereux mais aussi fragiles, cette boucle de carnage et de mort qui recommence quasi-instantanément lors d’un échec… Difficile de ne pas penser, par exemple, à F.E.A.R., SUPERHOT, Hotline Miami ou encore Mirror’s Edge en parcourant ses niveaux. Il en propose un mélange réussi où tout s’imbrique et, finalement, devient sa propre recette originale et efficace. Seul reste son prix, 21€, qui peut paraître trop élevé à certains au vu du contenu proposé. Mais je vais être très clair : mieux vaut 3 heures d’amusement à 20€ sur Severed Steel que 100 heures d’ennui à 60€ sur, disons, un Far Cry.

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Severed Style

Severed Steel ne propose qu’une suite de combats sans histoire ni artifices. Mais quels combats ! Beaux, dynamiques, nerveux, brutaux… Un FPS au concept finalement très simple mais extrêmement réussi dans son exécution et qui ne pèche que par sa faible durée de vie. D’ailleurs, les développeurs ont d’ores et déjà annoncé que du contenu supplémentaire serait ajouté au titre au fur et à mesure. Un vrai plaisir pour les amateurs d’affrontements viscéraux sans fioritures.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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