« Oh, encore un Rétro-FPS comme d’habitude… » diront les lecteurs de peu de foi. Si l’on peut comprendre le sentiment de lassitude face à un genre qui semble parfois bien trop foisonnant, ne vous y trompez pas : Turbo Overkill n’est pas un Rétro-FPS comme les autres. Non seulement il s’agit d’un jeu ultraviolent dans lequel vous explosez des dizaines d’ennemis en virevoltant dans les airs tel un Philippe Candeloro du meurtre, mais c’est aussi le seul FPS dans lequel le protagoniste possède une jambe tronçonneuse cybernétique. Et ça, ça vaut le coup d’œil.
Genre : Rétro-FPS | Développeur : Trigger Happy Interactive | Éditeur : Apogee Entertainment | Plateformes : Steam, Gog | Prix : 20€ | Configuration recommandée : CPU 3+ GHz, 8 cœurs / 16 GB de RAM / Nvidia GeForce RTX 3050 ou Radeon RX 6500 XT | Langues : anglais uniquement | Date de sortie : 22 avril 2022 en accès anticipé | Durée : environ 5h (1 chapitre)
Preview réalisée sur une version éditeur.
Paradise 2077
Tard dans la nuit, quelques silhouettes se détachent dans une ruelle mal éclairée. Il s’agit d’un groupe de cyborgs contrôlés par un puissant patron, une entité informatique nommée Syn qui désire la même chose que tous les patrons : dominer le monde. La bande de loubards erre sans but parmi les néons fluorescents et l’épais brouillard de pollution de Paradise, ville futuriste et dystopique ironiquement baptisée. Soudain, un vrombissement se fait entendre, de plus en plus fort. Avant même que le groupuscule n’ait le temps de comprendre, un déluge de lames et de plombs s’abat sur lui, dépeçant, tranchant, explosant chaque gaillard avec moult éclats d’hémoglobine. Le dernier cyborg a à peine l’occasion d’apercevoir son adversaire, qu’il se retrouve coupé en deux par une jambe tronçonneuse : son assassin n’est autre que Johnny Turbo, mercenaire mi-homme mi-machine, bien décidé à arrêter Syn. Et accessoirement, protagoniste de Turbo Overkill.
Vous l’aurez compris, le scénario minimaliste de Turbo Overkill ne casse pas trois pattes à un canard, mais il légitimise toutefois les massacres qui n’auront de cesse d’arriver tout au long de l’aventure. Car c’est bien là le concept primordial du jeu : tuer, détruire, anéantir, étriper, moissonner tout un tas de bad guys sans trop se poser de questions. Sur le papier, il propose une recette de Rétro FPS classique, avec ses niveaux plutôt labyrinthiques dans lesquels le joueur doit trouver la clé ouvrant la porte de la couleur associée et tuer des hordes de méchants apparaissant çà et là. Cependant, lorsqu’il s’agit de meurtres, Turbo Overkill n’y va pas avec le dos de la cuillère et donne au joueur un bel ensemble d’outils lui permettant d’étaler de la confiture dans tout Paradise.
Turbo Killer
Tout d’abord, Johnny est équipé d’un arsenal complet, allant du duo de magnums au lance-roquettes en passant par la sulfateuse bi-classée lance-flammes. Chaque arme possède un tir secondaire déblocable lui permettant de varier les plaisirs : balles à têtes chercheuses pour les flingues, grenade de proximité pour le canon scié… De quoi, associé à la fameuse jambe tronçonneuse lui permettant de découper ses ennemis en glissant à toute vitesse, faire de véritables massacres dans les rangs adverses. Mais les facultés de notre héros ne s’arrêtent pas à sa maîtrise des armes. De base, il lui est possible de dasher et d’effectuer des doubles sauts. Par la suite, on peut l’améliorer en lui attribuant des augmentations cybernétiques lui donnant accès au wall jump, au wall run, ou encore aux sauts explosifs. Très vite, votre personnage possède un ensemble de capacités de mouvements assez étendu, lui permettant de virevolter de longs moments dans les airs ou de traverser très rapidement les arènes en évitant les tirs adverses. Et croyez-moi, vous en aurez besoin.
En effet, si les premiers niveaux semblent assez faciles, la difficulté augmente drastiquement au fur et à mesure que l’on évolue dans la campagne. Au bout d’un moment, la maîtrise de vos facultés de mouvements, en plus de votre arsenal, devient nécessaire pour survivre aux rencontres de plus en plus compliquées, composées parfois de plusieurs dizaines d’ennemis aux compétences différentes. Les combats se transforment alors en ballet de mort, dans lequel votre personnage s’envole et passe de justesse entre de nombreux projectiles, avant d’exploser ses ennemis d’un tir bien placé. Qu’on se le dise : Turbo Overkill n’est pas un FPS plan-plan et il demande pas mal de doigté même aux vétérans, et ce, dès la difficulté 3/5. En tout cas, la frénésie des combats et les nombreux outils à disposition pour se sortir de situations complexes donnent un résultat haletant et réellement satisfaisant.
Le combat n’est d’ailleurs pas le seul aspect du jeu à profiter des différentes possibilités de mouvements. Entre deux affrontements, vous pouvez exploiter un level design vertical et aérien, que cela soit lors des phases de plateformes ou pour partir à la recherche de précieux items secrets. Il arrive parfois d’avoir un peu à se creuser la tête pour trouver le bon chemin parmi les nombreuses plateformes et autres rebords accessibles, mais c’est assez rare – il y a peu de chances pour que vous vous retrouviez vraiment bloqué par l’aspect labyrinthique des niveaux. Notons que Turbo Overkill s’évertue à proposer des situations variées. Telle arène est remplie de jump pads, l’autre prend la forme d’un bowl de skate permettant de prendre de la vitesse avec la jambe tronçonneuse, tandis que certains passages vous placent aux commandes d’un véhicule. Bref, on ne s’ennuie pas sur les huit niveaux que dure cette version en accès anticipé.
Johnny Belle-Gueule
Vous l’aurez constaté avec les images illustrant le test, Turbo Overkill brille par sa direction artistique très réussie. On retrouve ici des modèles et des textures à l’ancienne matinées d’effets de lumière plus modernes. Le monde cyberpunk, bien qu’assez classique, est superbement représenté et assorti de néons, d’hologrammes, d’écrans et de myriades de détails bien pensés. Impossible de ne pas citer ce niveau dans lequel le décor forestier est en réalité composé d’écrans que nos balles peuvent détruire, révélant ainsi un environnement bien moins sympathique… Par ailleurs, la bande-son électro-metal rythme à la perfection les massacres, même si elle est un peu convenue. On regrette toutefois que les effets sonores des armes manquent de punch et que les ennemis n’aient aucune personnalité. Cyborgs, cyborgs en armure, cyborgs à têtes de télé, gros robots et exo-squelettes possédés composent les rangs adverses et tous manquent un peu de charisme. Cependant, convenons qu’il est difficile de donner de la profondeur à des ennemis que l’on ne voit qu’une seconde avant de les exploser…
Côté technique, le jeu est proche du sans faute : il tourne à constamment à plus de 100 FPS en 1440p et toutes options à fond sur ma config’ – i7 12700K, RTX 3070 et 32 Go de RAM. De plus, il permet de modifier de nombreux paramètres (FOV, bloom, aberration chromatique, HUD) afin de personnaliser son expérience comme bon vous semble. Bien qu’arrivant fraîchement en accès anticipé, Turbo Overkill est plutôt bien fini et ne m’a pas fait subir le moindre bug, à l’exception notable de soucis de sauvegarde brisant les scripts et m’ayant obligé à recommencer certains niveaux depuis le début. Chers développeurs, sachez que la solution à ce problème frustrant est toute simple : arrêtez d’utiliser un système de checkpoint doublé d’un emplacement de sauvegarde unique.
Une vraie boucherie
En accès anticipé, Turbo Overkill est déjà un excellent Rétro FPS : joli, varié et extrêmement nerveux, il flatte notre cerveau reptilien avec ses gunfights violents et exigeants. Si vous êtes du genre à jouer pour TUER TUER TUER et que vous n’avez pas peur de prendre des coups, on vous le recommande chaudement. D’autant plus que les développeurs annoncent que le jeu final comportera deux chapitres supplémentaires ainsi que de nouvelles armes, des ennemis inédits et le support des mods.
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