NOËL – À l’heure d’écrire ces lignes, les dernières annonces sur l’assouplissement du confinement laissent espérer la possibilité de fêter Noël en famille élargie. L’occasion d’offrir (et de s’offrir) plein de beaux cadeaux !

Pour votre petit frère fan de Spider-Man, le jeu vidéo “Marvel’s Spider-Man: Miles Morales” (sur PS4 et PS5, Sony)

Tandis que les bandes dessinées et les films Spider-Man ont très largement perdu en intérêt depuis une dizaine d’années (à l’exception notable d’un formidable film animé), c’est en jeu vidéo que le superhéros préféré des enfants reste aujourd’hui capable d’enthousiasmer. En 2018, “Marvel’s Spider-Man” a pu être considéré par beaucoup comme le meilleur jeu de l’année. Sa suite directe: “Marvel’s Spider-Man: Miles Morales” est par moments presque meilleure, comme par exemple dans sa scène d’introduction survitaminée (une course-poursuite trépidante avec Rhino, à la mise en scène époustouflante) ou quelques heures plus tard lors de la destruction d’un pont rappelant une séquence identique et bien moins réussie au cinéma il y a peu. Peter Parker est cette fois remplacé par Miles Morales (version alternative de Spider-Man apparue dans la série BD “Ultimate”), ce qui permet au personnage de repartir à zéro. Le jeu a gagné en efficacité et offre quelques nouveautés très amusantes, comme le poing électrique qui assomme les ennemis. Si votre PlayStation vous offrira peu d’expériences aussi grisantes cet hiver que le survol de toile en toile des rues enneigées de New York (en attendant de découvrir “Cyberpunk 2077″ bien sûr…), il y a une petite ombre au tableau: l’aventure principale est bien trop courte par rapport au précédent épisode. Mais quand on aime, on ne s’arrête pas à ça.

Pour votre sœur passionnée de sciences: “Sapiens” en BD par Yuval Noah Harari, David Vandermeulen et Daniel Casanave (Albin Michel)

L’essai “Sapiens, une brève histoire de l’humanité” de Yuval Noah Harari est l’un des plus importants best-sellers de ces dernières années. Il n’a même jamais quitté le top 20 des ventes d’essai en France depuis 5 ans ! Bonne idée que d’adapter cet ouvrage de vulgarisation scientifique en bande dessinée, pour le rendre encore plus accessible à tous. Le résultat est bien plus exigeant qu’on aurait pu le craindre. Après avoir convaincu l’auteur Yval Noah Harari de s’engager sur le projet, l’éditeur Albin Michel a engagé un scénariste belge (David Vandermeulen) et le dessinateur français Daniel Casanave habitué à travailler avec lui. L’objectif: installer un nouveau best-seller international, avec une sortie simultanée dans trente pays ! Le travail d’adaptation de ce récit de l’aube de l’humanité est remarquable, respectant le texte original tout en utilisant la narration dessinée à bon escient. Biologie, histoire, anthropologie, sociologie et ethnologie s’entremêlent pour former le récit de notre histoire commune dans un ouvrage qui se veut autant une extension qu’une adaptation du matériau original. Trois autres suites sont déjà prévues, la première dès l’année prochaine.

Pour votre neveu en quête d’activités à faire à la maison avec ses potes: un escape game à la maison: “Mystery House” (un jeu Gigamic)

Les “escape games” se sont considérablement développés en France ces dernières années, avant de subir de plein fouet la COVID. D’où cette bonne idée que de proposer un escape game à la maison: “Mystery House”, sorti à point nommé en plein confinement. Comme dans une salle, le principe du jeu est basé sur la coopération des joueurs, qui disposent d’un temps limité (60 minutes) pour explorer un manoir et résoudre des énigmes, avec un système d’assistance via une application sur tablette/téléphone iOS ou Android. La boîte de base propose un plateau en 3D avec une grille où disposer des cartes, ainsi que deux aventures aux scénarios distincts, en attendant des extensions promises avec de nouvelles histoires (la première est déjà disponible). Le concept est innovant, l’expérience tient toutes ses promesses à la maison, et impressionnera surtout les plus jeunes (à partir de 12 ans). Si la rejouabilité reste faible en attendant la publication de nouveaux scénarios, le prix bas du pack (30 €) justifie cette alternative aux “escape rooms’ parfois bien plus coûteuses. On aurait quand même aimé pouvoir accéder à une solution complète, certaines énigmes particulièrement difficiles sont restées hors de notre portée…

Pour votre mère, qui aime les belles choses: le nouveau roman graphique de Chris Ware: “Rusty Brown” (Delcourt)

Chris Ware est le Raymond Poulidor de la bande dessinée: chaque année, il est retenu (parmi des centaines d’auteurs) dans le dernier trio de finalistes pour le Grand Prix du Festival d’Angoulême, et à chaque fois il rate la dernière marche. La raison est connue: les auteurs de bande dessinée (qui votent pour ce prix) sont chauvins, et choisissent presque toujours un Français ou un Belge. Reste que Chris Ware, aussi rare que discret, est sans conteste l’un des plus grands auteurs de bande dessinée au monde. Mais sa notoriété n’est pas à la hauteur de l’adhésion que lui offre pourtant le grand public: ses unes pour le New Yorker sont presque toujours relayées des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, mais le plus souvent par des gens qui ne connaissent ni son nom ni son œuvre. Le nouvel album de Chris Ware: “Rusty Brown”, adopte le même format que son ouvrage le plus récompensé: “Jimmy Corrigan”, dont il est une fausse suite. C’est un travail titanesque, autopublié par épisodes depuis 1994, réunis pour la première fois en album intégral. Inutile d’essayer de résumer ce roman graphique choral, au dessin renversant et à la narration éclatée. Il suffit de dire qu’en faisant écho aux œuvres de James Joyce et Marcel Proust, Chris Ware se place en termes d’ambition comme l’un de leurs plus dignes héritiers. N’oubliez pas d’en acheter un deuxième exemplaire pour vous !

Pour votre oncle, ancien lecteur du Journal de Tintin: le nouvel album de Thorgal: “La Selkie” (une BD de F. Vignaux & Yann, Le Lombard)

La série “Thorgal”, lancée en 1980 par Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme, est l’une des plus attachantes de l’histoire de la bande dessinée franco-belge. Si les vingt premiers volumes sont presque tous des chefs-d’œuvre, la saga a connu des hauts et des bas par la suite. Difficile de maintenir la qualité sur 40 ans et 38 albums (plus 25 autres avec les séries dérivées), d’autant que les changements d’auteurs et de dessinateurs depuis une dizaine d’années n’ont pas facilité la tâche. Bonne nouvelle: le nouveau Thorgal, “La Selkie”, renoue avec les meilleures heures de la série. De plus, c’est une histoire complète qui ne nécessite pas d’avoir tout lu pour comprendre l’histoire, comme le furent en leurs temps “Les Archers” ou “Alinoë”. On peut donc offrir cet album à un fan de la première heure qui aurait un peu perdu le fil. Yann, nouveau scénariste depuis trois albums, prend ses marques et ancre son histoire dans le folklore et les légendes vikings, tandis que Vignaux s’inscrit avec talent dans les pas de Rosinski tout en trouvant son propre style. Ensemble, ils offrent un grand plaisir de lecture.

Pour votre belle-sœur un peu geek: la nouvelle extension de “World of Warcraft”: “Shadowlands” (jeu vidéo Blizzard)

Alors que sortent de nouvelles Xbox et PlayStation, et pendant que Nintendo semble préparer une version plus musclée de la Switch, un village résiste à l’envahisseur: la communauté de joueurs sur PC ! Bien plus nombreux que leur visibilité médiatique ne pourrait le laisser croire, ils profitent de l’une des plus grosses licences du monde, qui leur est réservée et n’a jamais été portée sur consoles: “World of Warcraft”. Une huitième extension à ce jeu sorti en 2004: “Shadowlands” a permis à des millions de fans de remettre le couvert le 24 novembre. Nouveaux donjons, nouveaux raids, nouvelle progression entre niveaux de personnages (dont le maximum passe de 120 à 150), et options de personnalisation des personnages accrues, mais… pas de nouvelle race proposée. Quelques millions de joueurs y ont déjà consacré leurs nuits depuis la sortie, et leur dette de sommeil devrait s’alourdir ces prochains mois. Si vous ne connaissez pas, ne vous moquez pas du prétendu caractère “antisocial” de ce jeu persistant en ligne: vous n’imaginez pas le nombre de couples qui se sont forgés entre joueurs qui ne se seraient jamais rencontrés autrement dans la vie.

Pour votre vieille tante qui ronchonne sur le mariage pour tous: “L’incroyable histoire du sexe, livre II” (Philippe Brenot & Laetitia Coryn, Les Arènes BD)

Étonnante encyclopédie dessinée que cette “Incroyable Histoire du Sexe” dont sort le deuxième tome, consacré aux pratiques sexuelles en Afrique et en Asie. Après un premier volume consacré à une perspective historique de la sexualité plutôt centrée sur le monde occidental, ce nouvel ouvrage qui montre comment on fait l’amour dans le reste du monde est encore plus passionnant. En cinq chapitres (Inde, Moyen-Orient, Afrique, Chine et Japon), la démonstration est rapidement faite que si la sexualité est universelle et naturelle, sa pratique est plutôt d’ordre culturelle et sociale. La diversité des actes et des traditions relatés ici, que ce soit au quotidien ou dans l’histoire de l’art (du Kamasutra aux Mille et une nuits) démontre que les comportements amoureux et les tabous sont dans le monde à géométrie variable. Plus drôle qu’érotique, cette “Incroyable histoire du sexe” permettra en tout cas de rabattre le caquet aux moralistes de tous poils, religieux ou conservateurs, et de leur ouvrir l’esprit, qu’ils découvrent ici l’amour cavalier des mongols ou la diversité des pratiques homosexuelles en Afrique.

Pour votre père qui ne jure que par la pop culture américaine, “Batman Last Night On Earth” / édition spéciale Urban Limited

Pour Noël, Urban Comics (éditeur français des séries DC Comics) a mis les petits plats dans les grands. Trois futurs classiques du catalogue (sortis en 2020 en éditions simples) gagnent une nouvelle édition de luxe en très grand format, limitée et numérotée à 1 500 exemplaires. Il s’agit de la suite de Watchmen (“Doomsday Clock”), et de deux histoires de Batman: “Curse of White Knight” et “Batman Last Knight on Earth”. Ma recommandation portera plutôt sur ce dernier titre, signé par le meilleur duo d’artistes actuels ayant travaillé sur le Chevalier noir: Scott Snyer et Greg Capullo (leur première série en commun, qui commence avec “La Cour des hiboux” est incontournable). “Last Night On Earth” est beaucoup plus étrange que leurs travaux précédents, avec un Batman qui se réveille à l’asile d’Arkham pour apprendre qu’il y est emprisonné depuis des années, et que son combat contre le crime est un délire psychotique n’a jamais existé que dans sa tête. L’histoire (complète) est un pas de côté dans la série, avec une dimension plus fantastique. L’édition sur papier épais magnifie le dessin de Capullo. Et le dos toilé marqué à chaud sera du plus bel effet dans la bibliothèque familiale.

Pour votre grand-père qui pense que “c’était mieux avant”: la réédition de l’intégrale des “Idées Noires” de Franquin (Fluide Glacial)

En offrant un classique, vous êtes sûr de ne jamais vous tromper. Et en voici un, de classique, et même un sommet de l’humour noir par Franquin, le créateur de Gaston Lagaffe. Ses “Idées noires”, rééditées cet automne en intégrale avec des dessins inédits et une restauration méticuleuse des planches originales sont constituées de gags d’une page, qui racontent ce que notre civilisation a produit de pire. Initialement publiées en 1977 en deux albums distincts, les histoires de Franquin se moquent de sujets devenus très contemporains: le désastre écologique, le nucléaire, la militarisation du monde, la malbouffe et la chasse. Comme Gotlib le faisait aussi dans ses albums pour adultes, Franquin s’éloigne résolument de ses titres pour la jeunesse (la série “Spirou”) et exprime ses penchants les plus extrêmes. On sent dans ces histoires, aux chutes parfois horribles, un pessimisme étonnant chez un auteur ailleurs si souriant. Mais les explosions de rires qui parsèment chaque lecture (car les “Idées Noires” font partie de ces albums qui se relisent à l’infini) en font un exutoire à toutes les angoisses. Tout en démontrant que le monde n’était pas forcément plus rose il y a quarante ans.

Pour votre cousine fan d’“Akira”, un manga de Satoshi Kon: “Fossiles de Rêves” (Pika Graphic)

Satoshi Kon était sans doute le réalisateur d’animation japonais le plus susceptible de prendre la place d’Hayao Miyazaki dans le cœur des cinéphiles. Mais après une poignée de chefs-d’œuvre (Paprika, Perfect Blue, Millenium Actress), il fut emporté prématurément par un cancer en 2010. Il ne laisse pas à la postérité que ses films, mais aussi — et c’est moins connu — des mangas de grande qualité. Une anthologie proposant l’intégralité de ses histoires courtes: “Fossiles de Rêves” démontre qu’il était un fantastique auteur de nouvelles. En une quinzaine d’histoires, initialement publiées au Japon entre 1984 et 1989, Satoshi Kon fait preuve d’une créativité et d’une versatilité extraordinaire. La première du recueil évoque curieusement l’univers d’un autre auteur: Katsuhiro Otomo, offrant quelques similitudes étonnantes avec son chef-d’œuvre “Akira”. C’est parce que Satoshi Kon fut sur ce manga son assistant, et qu’il contribua à ses côtés à en écrire l’histoire. Découvrir en 2020 “Sculpture”, écrit et dessiné quatre ans avant “Akira”, revient pour un fan de manga à découvrir la nouvelle pièce d’une pyramide pour un égyptologue.

Pour votre cousin aux goûts classiques: le nouveau Blake et Mortimer: “Le Cri du Moloch” (une BD de Dufaux, Cailleaux et Schréder)

Si “Blake et Mortimer” reste une série extrêmement populaire et grand public, il faut rester bien concentré pour en suivre les nouvelles sorties, un peu compliquées par la multiplication des auteurs qui a suivi la mort de Jacobs. La dernière nouveauté est une suite de “L’Onde Septimus” (2013) qui se voulait une suite de l’album le plus célébré par les fans: “La Marque jaune” (1954). Deux autres tomes formant une nouvelle histoire étaient pourtant parus après “L’onde Septimus”, puis un troisième très réussi qui avait pris ses distances par rapport à la ligne claire emblématique de la série, laissant penser que plusieurs séries s’entremêlent désormais. “Le Cri du Moloch”, donc, 27e tome officiel, est un hommage respectueux à l’œuvre de Jacobs, qui mêle mystère, science-fiction, et références multiples à la série” classique” (en particulier le diptyque “Le Mystère de la Grande Pyramide”). Il s’agit cette fois pour nos deux héros de contrer… une invasion extra-terrestre. Principal intérêt de cette histoire: la présence centrale d’Olrik (méchant emblématique), plus ambigu et complexe que jamais.

Pour votre fils adolescent qui s’ennuie en confinement: la PlayStation 5 (Sony)

J’ai déjà parlé longuement de la nouvelle Xbox Series X dans un précédent billet. À n’en pas douter, sa concurrente la toute nouvelle PlayStation 5 devrait être l’autre produit star de Noël. Moins dotée en jeux exclusifs au départ, la console de Sony devrait accueillir bientôt quelques merveilles, comme un nouveau “God of War”, et elle propose déjà le “Marvel’s Spider-Man: Miles Morales” cité plus haut. Sur le plan technique, la PlayStation 5 ouvre une nouvelle ère: définition des jeux jusqu’à 8K, technologie HDR, fréquence d’affichage de 120 images par seconde, son 3D, manettes à retour haptique (sans doute le vrai “plus” par rapport à sa concurrente) et rétrocompatibilité VR avec le casque PlayStation… C’est un festival ! Ces apports techniques promettent d’atteindre bientôt le photoréalisme, comme l’ont démontré quelques récentes démonstrations très impressionnantes. C’est par contre, de loin, le cadeau le plus cher de cette liste: pour acquérir le modèle haut de gamme avec l’indispensable lecteur UHD, il vous en coûtera 499 euros.

Avec un peu d’avance: joyeux Noël à tous ! Prenez soin de vos proches et de vos libraires.

À voir également sur Le HuffPost: Il rejoue “Africa” de Toto sur “Animal Crossing” et le résultat est génial

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