The French Dispatch de Wes Anderson, In Front of Your Face de Hong Sang-Soo ou encore Journal de Tûoa de Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes… Quels sont les films que nous attendons le plus de cette 74e édition du Festival de Cannes ?

Les Amours d’Anaïs de Charline Bourgeois-Tacquet
Les Amours d Anais © Haut et Court

Après s’être fait remarquer à la Semaine de la critique (2018) et au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand (2019) avec Pauline asservie, Charline Bourgeois-Tacquet réalise, en 2020, son premier long métrage, Les Amours d’Anaïs. Présenté à la 60e édition de la Semaine de la critique, le film s’articule autour des mouvements sentimentaux d’Anaïs, lassée d’un homme et éprise d’un autre. Un triangle amoureux incarné par des acteur·trices de renom : Anaïs Demoustier, Denis Podalydès et Valeria Bruni Tedeschi.

Semaine de la critique, sortie le 15 septembre

Memoria d’Apichatpong Weerasethakul
Memoria © Kick the Machine Films/New Story

Depuis Tropical Malady (2004), le réalisateur thaïlandais figure parmi les auteur·trices contemporain·es les plus important·es du cinéma international.  Après Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures – Palme d’or en 2010 –, Apichatpong Weerasethakul est de retour sur la Croisette avec Memoria, en sélection officielle. Dans ce nouveau long, Tilda Swinton et Jeanne Balibar incarnent respectivement une botaniste écossaise et une archéologue française qui, au cours d’un séjour en Colombie, vont se lier d’amitié. Parcourant leurs nuits agitées, le film explore des terrains inconnus où résident d’étranges choses.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 7 juillet

Bonne Mère de Hafsia Herzi

Tourné dans la lumière méditerranéenne de Marseille, Bonne Mère dresse le portrait de Nora, une femme de ménage dont le quotidien bascule lorsque vient l’attente du jugement de son fils. Après la mise en images des sentiments contradictoires dans son premier film, Tu mérites un amour (2019), l’actrice et réalisatrice Hafsia Herzi dessine, avec ce second long métrage, le portrait d’une famille dans les quartiers nord de Marseille.

Un certain regard, sortie le 21 juillet

Red Rocket de Sean Baker
RedRocket © Red Rocket Productions/Le Pacte.jpg

En suivant le retour d’une ancienne star du porno dans sa ville natale au Texas, Sean Baker affirme son goût pour les histoires en marge après avoir mis en scène deux prostituées afro-américaines transgenres dans Tangerine (2015) et la déambulation d’une jeune mère et de sa fille avec The Florida Project (2017). En l’espace d’une dizaine d’années, le réalisateur s’est imposé comme une référence du cinéma indépendant américain et ses prix, notamment celui du jury à Deauville en 2015, l’ont fait rayonner à l’international.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 14 juillet

Tre Piani de Nanni Moretti
Frames from “Tre Piani” .
Director Nanni Moretti
DOP Michele D’Attanasio

Le maître de la satire italienne présente son quinzième long métrage, Tre Piani, une adaptation du livre éponyme d’Eshkol Nevo. Si l’intrigue du roman se déroule à Tel-Aviv, Nanni Moretti a choisi Rome pour mettre en scène l’enchevêtrement des vies de trois familles résidant dans un même immeuble. En plus de signer la réalisation, le cinéaste fait partie de la distribution aux côtés de Riccardo Scamarcio et d’Alba Rohrwacher. La sélection de ce nouveau film est d’autant plus réjouissante que Moretti fête aussi le vingtième anniversaire de sa Palme d’or obtenue en 2001 avec La Chambre du fils.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 27 octobre

Rien à foutre d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre
Rien à Foutre © Condor Distribution

Premier long métrage d’Emmanuel Marre et de Julie Lecoustre, Rien à foutre est le récit des tribulations d’une hôtesse de l’air de compagnie low cost, incarnée par Adèle Exarchopoulos. Entre vols et fêtes, Cassandre ne s’attache à rien, en témoigne son pseudo Tinder : Carpe Diem. Mais cette existence sans lendemain est interrompue par un incident qui l’oblige à affronter des douleurs jusqu’ici enfouies. L’actrice, qui fût associée avec Léa Seydoux à la Palme d’or en 2013 pour La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, était revenue à Cannes, 2019, avec Sibyl de Justine Triet.

Semaine de la critique, date de sortie inconnue

France de Bruno Dumont
France © Roger Arpajouc/Arp Selection.jpg

Deux ans après l’attribution d’une mention spéciale du jury d’Un certain regard à Jeanne, Bruno Dumont est de nouveau en compétition avec France, qui s’annonce bien différent de ses précédents films. Basé sur le roman de Charles Péguy Par ce demi-clair matin, le onzième long métrage du cinéaste mettra en scène Léa Seydoux dans le rôle d’une journaliste phare de la télévision, de son ascension à sa chute. L’actrice, présente en compétition dans trois autres films, partage ici l’affiche avec Benjamin Biolay et Blanche Gardin. Bruno Dumont, aux premiers pas naturalistes, avait en 1999 remporté le grand prix du jury à Cannes avec L’Humanité.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 25 août

>> À lire aussi : En 2021, les enjeux de Cannes sont ceux du cinéma français : l’édito de Jean-Marc Lalanne 

Ouistreham d’Emmanuel Carrère
Ouistreham © Christine Tamalet – Memento.

Porté par Juliette Binoche, Ouistreham immerge une écrivaine dans le monde précaired’une femme de ménage exerçant à bord d’un ferry qui fait la navette entre les côtes normande et anglaise. Pour son sixième film, Emmanuel Carrère met en images le récit autobiographique de Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, récompensé en 2010 par le prix Joseph Kessel. Incontournable du paysage littéraire français, l’auteur s’est également illustré sur grand écran dès 1998 avec La Classe de neige de Claude Miller, tiré de son livre éponyme, dont il coréalise le scénario (et qui a reçu le prix du jury à Cannes), avant de réaliser lui-même plusieurs longs métrages dont La Moustache, avec Vincent Lindon.

Quinzaine des réalisateurs, sortie le 12 janvier 2022

The French Dispatch de Wes Anderson

Nous aurons attendu longtemps ce film. Initialement prévu pour être dévoilé à Cannes en 2020, édition grandement contrariée du fait de la crise sanitaire, The French Dispatch y sera finalement projeté en avant-première mondiale cette année. Outre la peinture des Français·es au XXe siècle par un journaliste américain, la force du nouveau long métrage de Wes Anderson réside dans sa pléiade d’acteur·trices de renom. Ainsi Bill Murray, Tilda Swinton et Timothée Chalamet ya côtoient Léa Seydoux ou Mathieu Amalric.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 27 octobre

Titane de Julia Ducournau

Flirtant entre gore et cyberpunk, Titane annonce le retour du cinéma de genre français dans la compétition officielle. Cette sélection à Cannes est d’autant plus jouissive que la cinéaste s’y était révélée à la Semaine de la critique avec Grave en 2016. Après son récit initiatique un brin cannibale, Julia Ducournau explore davantage le body horror dans une esthétique oscillant entre futurisme et épouvante où filiation, désir et violence se confondent. Vincent Lindon y interprète un homme qui retrouve enfin son fils jusqu’ici disparu, aux côtés de Garance Marillier, d’Agathe Rousselle et de Dominique Frot.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 14 juillet

Bergman Island de Mia Hansen-Løve

Après être passée par la Quinzaine des réalisateurs en 2007 avec Tout est pardonné, Un certain regard en 2009 avec Le Père de mes enfants et surtout après un Ours d’argent de la meilleure réalisation à Berlin en 2016 pour L’Avenir, il était logique que Mia Hansen-Løve accède à la compétition officielle avec ce huitième long métrage au casting très international (Vicky Krieps, Tim Roth, Mia Wasikowska et Anders Danielsen Lie). Se déroulant sur l’île où vécut Bergman, le film mêle avec délicatesse fiction et réalité et raconte la façon dont une femme s’émancipe du poids des auras masculines qui l’entourent.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 14 juillet

Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi

À 42 ans, le réalisateur japonais jouit, avec Drive My Car, de sa deuxième sélection en compétition officielle. Après le film-fleuve Senses (2015) et la variation hitchcockienne Asako I & II (2018), on devrait retrouver dans ce nouveau film le sens aigu de l’observation du sentiment humain qui caractérise le cinéma de Hamaguchi. Adaptation d’une nouvelle de Haruki Murakami, le film met en scène la rencontre entre un acteur à la vue déclinante et celle qui le conduit de rendez-vous en rendez-vous et va l’amener à se livrer sur son rapport aux femmes et à la création.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 18 août

Le Genou d’Ahed de Nadav Lapid

Fort du succès de Synonymes (accueil critique quasi unanime et Ours d’or du meilleur film à Berlin en 2019) et sept ans après la sélection de L’Institutrice à la Semaine de la critique, Nadav Lapid revient à Cannes, cette fois par la grande porte de la sélection officielle. Comme nombre de films de cette édition, Le Genou d’Ahed est centré sur un personnage de créateur, en l’occurrence un réalisateur israélien qui se rend dans un village reculé pour montrer l’un de ses films.

Sélection officielle, en compétition, sortie le 15 septembre

La Fièvre de Petrov de Kirill Serebrennikov
La Fièvre de Petrov © Sergey Ponomarev – BAC Films

Contrairement au Journal de Tûoa de Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes, parti de la crise sanitaire pour déployer un amusant jeu narratif, La Fièvre de Petrov a la prescience du monde post-épidémique dans lequel nous vivons. Écrit bien avant l’apparition du Covid, le film du réalisateur russe persécuté par l’administration Poutine narre la déambulation éméchée d’un homme atteint d’une terrible grippe, où songe, souvenir et réalité se mélangent progressivement.

Sélection officielle, en compétion, sortie le 1er décembre

In Front of Your Face de Hong Sang-Soo
In Front of Your Face © Jeonwonsa Film Co. Production

Avec cette onzième participation au festival, toutes sections confondues, le réalisateur coréen monte sur le podium des réalisateurs les plus sélectionnés à Cannes, même s’il est encore loin du record de Ken Loach et de ses 19 apparitions sur la Croisette. Hon Sang-Soo y présentera In Front of Your Face dans la nouvelle section Cannes Première. Comme son précédent film sorti en France, La femme qui s’est enfuie, ce nouveau long métrage s’annonce comme une exploration de la psyché féminine, à travers le portrait d’une femme qui tente de cacher un lourd secret alors qu’elle revient habiter en Corée après un séjour à l’étranger et qu’un cinéaste lui propose un projet.

Cannes Première, date de sortie inconnue

Tromperie d’Arnaud Desplechin
Tromperie © Shanna Besson/Why not Production/Le Pacte

Présenté dans la nouvelle section Cannes Première et réalisé en peu de temps pendant le confinement, Tromperie est une adaptation du roman de Philip Roth. On y retrouvera une intrigue commune à de nombreux films de cette édition 2021, à savoir une relation homme-femme aux prises avec la création artistique. Dans Tromperie, un écrivain incarné par Denis Podalydès oscille entre ses maîtresses présente (Léa Seydoux) et passées. Le film marquera les retrouvailles de Desplechin avec l’une de ses actrices fétiches, Emmanuelle Devos.

Cannes Première, sortie le 8 décembre

>> À lire aussi : Cannes 2021 : Louis Garrel et Aïssa Maïga dans une sélection éphémère sur l’environnement

Serre moi fort de Mathieu Amalric

Ce film, adapté de la pièce Je reviens de loin de Claudine Galea raconte le départ d’une femme incarnée par Vicky Krieps, qui laisse derrière elle enfants et mari. Après Barbara (2017), ce nouveau long de l’acteur-réalisateur s’annonce comme un beau portrait féminin échappant au destin qui lui a été tracé.

Cannes Première, sortie le 8 septembre

Onoda d’Arthur Harari

Peu de premiers films ont été aussi remarqués que Diamant noir d’Arthur Harari. Passant le cap souvent difficile du second film, le réalisateur français prend le risque, avec Onoda, de délocaliser son cinéma sur une île du Pacifique où des soldats japonais refusent de se rendre après la capitulation de 1945 et mènent une résistance sourde, autarcique et infinie.

Un certain regard, film d’ouverture, sortie le 21 juillet

Journal de Tûoa de Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes
Journal de Tûoa © Shellac.jpg

À la fois film d’été sensuel et œuvre théorique déshabillant le cinéma de ses sortilèges, le nouveau film de Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, est une merveille. Naviguant au fil d’une narration inversée, il commence par raconter les vacances de deux hommes et d’une femme dans une maison de campagne avant de basculer sur le récit d’un tournage en pleine épidémie de Covid. On y retrouve notamment le beau Carloto Cotta, acteur principal de Tabou (2012).

Quinzaine des réalisateurs, sortie le 14 juillet

Retour à Reims (fragments) de Jean-Gabriel Périot
Retour a Reims © Jour2Fête

Si le titre de ce documentaire de Jean-Gabriel Périot laisse penser à une adaptation complète de l’essai autobiographique de Didier Eribon, il convient de préciser que le réalisateur de l’excellent Une jeunesse allemande s’est concentré sur les parties du livre ayant trait à la lutte des classes. Pour illustrer les passages lus par Adèle Haenel, Périot est allé puiser dans les archives de la télévision française, donnant aux mots d’Eribon une résonance à la fois globale et relative à l’histoire des images.

Quinzaine des réalisateurs, date de sortie inconnue

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