Le cloud gaming vit une petite révolution avec l’arrivée d’une offre RTX 3080 sur GeForce Now. On a testé le service et la différence est flagrante… mais pas forcément de la manière dont vous pensez.
Depuis quelques années, le cloud gaming devient finalement une réalité. Si certains services existaient déjà avant cela, c’est vraiment récemment que les offres publiques ont commencé à être intéressantes avec GeForce Now, xCloud (le cloud gaming du Xbox Game Pass), Google Stadia ou encore Amazon Luna. Ce sont de bonnes solutions d’appoint, mais il arrive toujours que l’on note quelques artéfacts ou des effets de tearing lors des parties, même avec une bonne connexion. Cependant, la technologie évolue et se bonifie avec le temps. C’est le cas par exemple de Nvidia qui propose désormais une offre GeForce Now avec l’équivalent d’une RTX 3080, disponible à partir de ce jeudi en France.
Nous avons testé ce forfait GeForce Now RTX 3080 et la surprise n’a pas été là où on l’attendait. Explications.
GeForce RTX 3080 vs offre Prioritaire
L’offre GeForce Now se divise donc désormais en trois :
- l’offre gratuite, avec un équivalent GTX 1070 ;
- l’offre prioritaire, avec un équivalent RTX 2080 pour du 1080p à 60 IPS ;
- l’offre RTX 3080, avec un équivalent… RTX 3080 pour du 1440p à 120 IPS.
La spécificité de ce nouvel abonnement est donc dans son nom. Une nouvelle génération de cartes graphiques donc qui permet de déployer davantage de puissance. On vous invite d’ailleurs à lire notre test de la GeForce RTX 3080 pour vous faire une idée de l’évolution apportée par la version « bureau » de ce GPU.
Graphiquement, on est sur ce qui se fait de mieux actuellement sur PC. Les jeux sont certes rendus en 1080p, mais upscalés en 2K grâce au DLSS de Nvidia, directement sur les serveurs. Cela permet notamment de profiter de tous les réglages au maximum tout en gardant des performances correctes et ainsi éviter de jouer avec un framerate poussif. Même les jeux les plus récents tournent ainsi entre 60 et 120 FPS, même en Ultra.
Notons tout de même que Nvidia applique des paramètres automatiques dans les jeux et ceux-ci sont parfois très réduits par rapport aux capacités d’une RTX 3080. Petit bémol : ces paramètres s’appliquent à chaque lancement de jeu, donc un titre qui vous demande de redémarrer avant d’appliquer vos modifications de paramètres va se voir réinitialiser sans appliquer vos choix (c’est le cas par exemple d’Assassin’s Creed Odyssey). On vous conseille donc de vous rendre dans les paramètres de GeForce Now pour activer l’option « Paramètres graphiques dans le jeu » et ainsi configurer vous-mêmes ce point en attendant que les paramètres automatiques soient mieux gérés.
Une fois ce petit réglage ajusté, vous pourrez alors profiter de vos jeux dans les meilleures conditions possibles, avec du ray tracing et des détails très fins. C’est le cas par exemple sur Control, jeu réputé pour ses effets de ray tracing poussés, qui affiche une image similaire à celle que l’on pourrait retrouver sur un PC équipé d’une RTX 3080 (voir image dans notre test de la carte graphique pour comparer).
Pour ce qui est des performances, le benchmark d’Assassin’s Creed Odyssey nous a donné une moyenne de 74 FPS en 1440p, soit l’équivalent d’une RTX 2080 Ti (et légèrement moins que les 78 FPS que nous avons obtenus avec une RTX 3080 en local dans un PC gamer).
Pour autant, une RTX 2080 est tout à fait capable de produire les mêmes images en 2K sur un jeu gourmand comme Control ou même Cyberpunk 2077, la RTX 3080 tirant vraiment son épingle du jeu dès lors que l’on pousse davantage encore la définition pour jouer en 4K tout en gardant un framerate supérieur à 60 FPS. L’abonnement GeForce Now RTX 3080 étant limité à une définition en 1440p, on peut donc se dire qu’il est overkill et qu’au vu du catalogue de jeux listés sur le service, un abonnement Prioritaire pourrait suffire. Ce serait passer à côté de la véritable évolution de l’offre RTX 3080.
Le véritable atout de GeForce Now : la stabilité
Le cloud gaming ajoute une nouvelle strate dans la qualité visuelle des jeux : la qualité de streaming. Il faut non seulement que le jeu soit rendu à une bonne définition, mais aussi que le flux vidéo ainsi créé soit encodé de bonne qualité et envoyé sans problème jusqu’au client de jeu. C’est souvent sur ce point que le cloud gaming pêche. Image floue, artéfacts ou pertes d’images (entraînant une chute de framerate ressentie) viennent rappeler au joueur ou à la joueuse que son jeu tourne à plusieurs centaines de kilomètres, dans un data center.
Si Nvidia travaille beaucoup sur ce point, en fonction de votre connexion internet, vous ressentirez toujours un petit effet avec l’offre Prioritaire marquant la différence avec un jeu local. L’abonnement RTX 3080 apporte cependant une différence de taille : l’Adaptive Sync.
Cette technologie de VRR (comme G-Sync ou FreeSync) permet de synchroniser les images produites (sur le serveur en l’occurrence) et les images affichées sur l’écran du client. Si cela offre une plus grande netteté pour le jeu en local, l’intérêt est d’autant plus grand dans le cloud en gérant les paquets perdus ou les possibles baisses de connexion pour assurer un rendu toujours fluide.
Voilà donc pour la théorie. Pour ce qui est de la pratique, le résultat est tout simplement époustouflant. Avec l’abonnement RTX 3080, GeForce Now devient la plupart du temps aussi fluide que si vous jouiez en local. Alors que le cloud gaming était jusque là un bon moyen de jouer à des jeux solo inaccessibles pour votre configuration, Nvidia prouve qu’il devient enfin viable pour tous les usages, y compris en multijoueur.
Alors certes, je ne suis pas un pro-gamer et je n’en suis pas au point où j’optimise chaque milliseconde de latence pouvant me permettre d’améliorer mes performances. Mais en tant que joueur régulier, j’ai pu passer des heures sur Rocket League ou CS : GO sans la moindre frustration ni même la moindre impression de jouer en cloud gaming. Et le plus fort dans l’histoire ? Mon PC était alors connecté en WiFi 5 (5 GHz). Pas de WiFi 6, pas d’Ethernet et donc un fort potentiel de pertes de paquets… Et pourtant j’ai pu offrir à mes adversaires les plus beaux headshots de mon arsenal sans souffrir de la latence. Enfin si, soyons honnête : sur environ 6 heures de jeu, j’ai senti un petit ralentissement, mais j’ai eu de la chance puisqu’il s’agissait d’un round de chauffe.
Attention toutefois : cette synchronisation peut se montrer gourmande en bande passante et Nvidia met d’ores et déjà ses abonnés en garde en précisant qu’une connexion fibre (50 Mb/s) est indispensable pour bénéficier pleinement de l’offre RTX 3080.
Nvidia Shield TV : la nouvelle meilleure console de jeu ?
L’avantage du cloud gaming est évidemment d’être accessible sur n’importe quelle configuration. Cela concerne avant tout le PC, mais aussi un boîtier TV comme la Nvidia Shield TV. J’ai donc essayé cet abonnement sur la mienne, cette fois-ci connectée en Ethernet. Non seulement l’interface est un peu plus agréable que sur PC, mais le résultat est vraiment très bon et permet de jouer facilement sur grand écran à moindres frais.
Pour 150 euros (moins lors des périodes de promotion) et avec un abonnement RTX 3080, vous pouvez ainsi profiter d’une qualité d’image supérieure à ce qu’offrent les consoles de dernière génération, à condition bien sûr d’avoir une connexion internet et le jeu qui vous intéresse sur le service.
Les limitations de GeForce Now
C’est certainement là que le bât blesse pour GeForce Now. Clairement, cette offre RTX 3080 montre que le futur du cloud gaming est à portée de main et que l’on peut vraiment déporter nos machines pour jouer depuis le cloud sans la moindre perte de confort. Il reste cependant quelques contraintes qui pourraient en freiner certains.
La connexion internet tout d’abord. Jusqu’à présent, pour jouer il fallait un réseau électrique fonctionnel et une machine de jeu en état de marche. Pour le cloud gaming, il faut ajouter à cela une connexion internet efficace et un serveur en état de marche. Pour l’heure, le nombre de « superpods » RTX 3080 (les serveurs de Nvidia) est encore limité. En Europe centrale, nous nous connectons pour le moment à Francfort, en Allemagne, en attendant l’ouverture des serveurs parisiens prévue pour le début d’année 2022. Lors d’une maintenance de ce serveur, j’ai donc joué plusieurs heures sur le serveur de Londres, qui a montré quelques ralentissements par moments en raison de la montée en charge du basculement des joueurs de Francfort. Rien qui ne m’ait empêché de jouer aux Gardiens de la Galaxie pour autant.
Ce problème n’en sera plus un à l’avenir lorsque Nvidia aura ouvert tous ses Superpods et les aura dimensionnés pour gérer le nombre de joueurs. C’est d’ailleurs pour cela que l’offre n’est pour l’heure disponible qu’avec un engagement de six mois.
Le deuxième problème de GeForce Now provient de son interface et de son mode de fonctionnement. Si l’expérience utilisateur est bien plus agréable qu’il y a un an, notamment grâce à l’enregistrement pérenne des comptes Steam et Epic Games (qui nécessitaient auparavant de s’identifier à chaque lancement de jeu) et à l’ajout de la reconnaissance des claviers AZERTY, quelques améliorations sur l’affichage des jeux dans le catalogue pourraient rendre l’expérience plus transparente. Quant aux jeux disponibles, leur nombre est encore limité et on regrette par exemple l’absence des jeux Microsoft (et Xbox Game Pass PC) ou de certains titres très récents ou cultes.
Le catalogue s’étoffe tous les jeudis et vous pouvez retrouver la liste complète sur le site de Nvidia. Par ailleurs, certains éditeurs comme Ubisoft proposent l’intégralité de leurs jeux sur le service, tandis que les plus réticents du début, comme EA ou Square Enix, y reviennent peu à peu. Évidemment, plus il y aura de joueurs et plus les éditeurs s’intéresseront à la formule.
Quoi qu’il en soit, sur la partie purement technique du cloud gaming, Nvidia prend une grande longueur d’avance sur ses concurrents.