Le Steam Deck n’est pas la première console à tenter de séduire les joueurs PC avec un format portable. D’autres s’y essayent, nous les avons listés, et cela permet de mieux appréhender les difficultés auxquelles Valve va devoir faire face.
Le Steam Deck fait couler beaucoup d’encre. Valve débarque avec un concept qui a déjà encouragé beaucoup d’entrepreneurs à se lancer, avec pas mal d’échecs. L’idée de produire un PC sous la forme d’une console portable aux allures de Sega Game Gear n’a rien de nouveau. La différence est qu’il y a désormais beaucoup de solutions pour arriver à ce résultat.
Nous nous sommes déjà intéressés en détail aux performances attendues du Steam Deck. Ce PC utilise un APU AMD Zen 2 quadricœur prenant en charge le traitement jusqu’à huit threads simultanés. Un GPU AMD RDNA 2 avec huit unités de calcul est intégré au SoC, ce qui permet de fournir environ 1,6 TFLOPS de puissance de traitement graphique. C’est un APU basse consommation de PC d’entrée de gamme. De quoi proposer des performances élevées sur un écran en définition HD.
Mais qu’en est-il de la concurrence ? En y regardant de plus près, on peut y observer les principales difficultés auxquelles Valve va devoir faire face.
Alienware Concept UFO
Ce n’est qu’un concept, mais il nous avait déjà impressionnés lors du CES 2020. La force de cet Alienware Concept UFO était avant tout d’être… un PC sous Windows 10. Cela veut dire que vous avez accès à tous vos jeux comme vous le souhaitez, provenant de tous les magasins PC possibles (Steam, Epic Games, Blizzard, etc.).
Finalement, les derniers projets similaires partagent la même base. Ils essaient vraiment de fournir une tablette puissante entourée de joysticks et de boutons pour moins de 1 000 euros. Avec les dernières puces Tiger Lake d’Intel et Ryzen d’AMD respectivement, ces PC possèdes des puces graphiques intégrées récentes, de quoi faire tourner Cyberpunk 2077 à 30 IPS par exemple.
Alienware avait fait part de ses difficultés à créer cette machine, notamment sur la gestion de la chauffe dans un si petit format.
OneXPlayer
Il s’agit certainement du projet le plus avancé d’un point de vue performances sur ces PC étranges. Le OneXPlayer est né d’une campagne Indiegogo réussie, plus de 1 million de dollars ont été réunis. Il tourne sous Intel Tiger Lake, du Core-i7 de 11e génération avec l’iGPU Xe-LP (96 unités graphiques), 16 Go de mémoire LPDRR4X, et de 512 Go à 2 To de SSD NVMe. Le choix audacieux est celui de l’écran, il s’agit d’une dalle IPS de 8,4 pouces en définition 2K.
Mais voilà, l’audace croît à l’expérience. D’après les nombreux retours, la console a déjà été livrée aux premiers backers, le principal problème de cette console est lié à Windows 10. L’OS de Microsoft joue le maillon faible, avec une expérience très moyenne en contrôle tactile et peu agréable avec les contrôleurs. Peut-être que Windows 11 améliora cet aspect, néanmoins Windows 10 n’est pas à l’aise sur un écran si petit.
L’écran en définition 2K semble également être une erreur : les jeux ne fonctionnent bien qu’en définition HD. Vous pouvez lancer les jeux en « QHD », mais ils ne tourneront pas en bonne définition. Même constat pour Windows, du QHD sur un écran de seulement 8,4 pouces de diagonale semble être avant tout un argument pour séduire des geeks, mais un choix technique peu judicieux. On touche d’ailleurs le dernier problème de ce format : intégrer des composants habituellement utilisés sur un PC de 13 pouces dans une petite console compacte, même avec des puces peu énergivores, cela génère de la chaleur. L’utilisation d’un système de refroidissement actif est indispensable, ce qui a également comme conséquence d’alourdir la machine, de la rendre bruyante, mais aussi d’avoir un impact non négligeable sur l’autonomie.
Pour un prix qui démarre à 1059 euros, il faut être un aventurier technologique pour se lancer dans ce projet.
Aya Neo
L’Aya Neo est plus proche techniquement du Steam Deck. Cette console utilise l’ancienne architecture AMD Zen 2 (Ryzen 5 4500U) avec iGPU Radeon Vega 6, 16 Go de mémoire LPDDR4X, de 512 à 1 To en SSD NVMe ainsi qu’un écran IPS de 7 pouces en définition HD. Elle est donc moins puissante que le Steam Deck, mais la proposition est relativement similaire sur le papier. Sans surprise, l’Aya Neo est ventilée avec un système d’ailettes très classique et un double caloduc sur le processeur. Elle souffle et génère pas mal de chaleur.
Récemment, Aya a été obligé d’envoyer de nouveaux châssis et écrans aux premiers acheteurs, car ils ont rencontré de sérieux problèmes de finitions. Les boutons étaient mauvais, les impressions partaient rapidement, certains écrans ont rencontré des problèmes de calibration des couleurs. D’autres utilisateurs ont eu des consoles qui ne fonctionnaient plus à cause du système de ventilation ou encore des haut-parleurs qui grésillaient.
Pour un tarif supérieur à 900 dollars, ces problèmes techniques ne sont pas acceptables.
GPD WIN3
GPD est un habitué des petites machines. La Win3 est d’ailleurs la troisième génération avec son clavier rétractable. Avec une petite dalle tactile de 5,5 pouces pour une définition de 1280 x 720 pixels, sa surface d’affichage est sensiblement réduite par rapport aux 8 pouces de l’écran du GPD Win Max (HD également). Entre Intel ou AMD, GPD a fait le choix du processeur Intel Core i5-1135G7. Ce dernier dispose d’une partie graphique Iris Xe plus musclé que par le passé avec 96 unités d’exécution.
Encore une fois, cette console pêche principalement par ses finitions très moyennes. Les testeurs, dont Notebookcheck, évoquent une console bruyante avec peu d’autonomie, mais beaucoup de puissance. Elle est également jugée lourde (553 grammes), alors qu’il s’agit d’un des mini PC les plus légers de ce dossier. Pour comparaison, c’est le poids d’une Galaxy Tab S7 et même plus lourd qu’un iPad 10.2.
Project Valhalla ou ODroid Go Super
D’autres projets ont fait des choix très différents. C’est le cas du Project Valhalla, une tablette Android munie de contrôleurs qui utilise une puce Qualcomm Snapdragon ainsi qu’un écran 5,99 pouces en définition Full HD dont le taux de rafraichissement monte jusqu’à 90 Hz. Vendue à 199 dollars, elle fait tourner quelques jeux Android, mais semble plutôt destinée à faire du rétro-gaming ou du cloud gaming. Personnellement, j’y installerai bien l’application Xbox Game Pass. Néanmoins, il est peu probable que l’on puisse facilement associer les contrôleurs dans tous les jeux sans se prendre la tête.
L’ODroid Go Super fonctionne sous Ubuntu et ne coûte que 80 dollars. Avec son écran de 5,5 pouces en définition 480p, elle utilise une puce peu onéreuse (ARM Rockchip RK3326). L’idée est d’en faire un produit taillé pour le rétro-gaming. Une solution qui surfe avec la légalité tout en proposant une vraie complexité pour les joueurs qui chercheront des ROM sur le web.
Là où le Steam Deck peut faire la différence
Du côté des composants, encore une fois, on a confirmation que Valve a fait des choix judicieux. Un écran en définition HD, une puce AMD personnalisée, de la mémoire vive haute performance…
L’ergonomie globale fera sans doute la différence. Même si ces ordinateurs portables nous rappellent la Nintendo Switch, dont la dernière Switch OLED, la disposition des boutons et les différents éléments de contrôle diffèrent. Sur le Steam Deck, par exemple, on retrouve deux carrés de 3,25 centimètres de côté sur lesquels on peut cliquer. Même à l’arrière de la console, Valve a soigné sa proposition : il y a quatre boutons programmables. À première vue, on est loin de la qualité de conception proposée par les alternatives.
SteamOS 3.0 est également un autre choix judicieux. Au lieu de proposer Windows, même si rien n’empêche de l’installer manuellement, Valve a fait le choix d’utiliser l’OS développé initialement pour ses mini PC. C’est une distribution Linux remaniée qui va droit au but : elle offre une interface Steam adaptée tout en intégrant nativement une couche de compatibilité pour faire tourner le maximum de jeux.
Du potentiel, mais de gros risques
Il y a du potentiel dans ce nouveau marché, coincé entre les consoles de jeux et les PC. Valve peut se démarquer, c’est le premier « gros acteur » a tenté la création d’une console portable de ce gabarit. Pour 419 euros, le premier prix, le tarif est honnête. Le choix de la solution AMD personnalisée, l’ergonomie riche et soignée et le système sur-mesure sont autant d’atouts qu’elle a à proposer.
Cloud gaming, pénurie de composants, forte demande de PC, consoles next-gen, dématérialisation à marche forcée de l’offre de jeux… Est-ce que cela sera suffisant pour créer de la valeur sur un marché qui n’a jamais connu autant de changements ? Il faudra patienter un peu pour avoir de premières réponses.